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APPENDICE

Commune, formèrent un corps d’éclaireurs dont le poste fut établi dans le presbytère du temple des Billettes.

Le 18 mars, à cinq heures du soir, Pindy et Louis Debock se présentèrent avec un bataillon devant l’Imprimerie nationale et s’y installèrent. Le directeur Haureau descendit, essaya de parlementer, remonta dans ses appartements. Dans la soirée, Debock alla lui demander la liste des ouvriers. Haureau profita de cette occasion pour protester de son républicanisme, dit qu’il était un ancien rédacteur du National, ami de Marrast, Arago, etc., et que le mouvement du 18 mars n’avait aucune raison d’être. On lui donna quelques jours pour déménager.

Tout le personnel fut conservé à l’exception du directeur, du sous-directeur, d’un sous-prote, du chef des travaux, qui était cordialement détesté pour ses brutalités et ses injustices. Ils firent courir le bruit que le Comité Central n’avait pas d’argent et que les ouvriers ne seraient pas payés. Debock répondit par un ordre du jour affiché dans les ateliers garantissant les salaires au nom du Comité Central.

À la fin de mars, sur l’injonction de Versailles, tous les employés et les chefs de service, à l’exception d’un très petit nombre, abandonnèrent l’imprimerie, après avoir touché leurs appointements. Le nouveau directeur en profita pour faire nommer les chefs d’ateliers par les ouvriers. Les places de conducteurs de presses furent mises au concours. L’administration de la rue Pagevin mettant des entraves à l’affichage des décrets et proclamations, Debock conseilla aux ouvriers afficheurs de s’associer. Ils le firent ; leur salaire s’accrut de 25 0/0 et l’imprimerie réalisa une économie de 200 francs par jour.

Les gros traitements furent réduits de beaucoup ; ceux des petits employés et des ouvriers augmentés. Le 18 mars, il était dû quinze jours aux ouvriers et ouvrières et huit aux employés. La Commune solda cet arriéré. Versailles victorieux refusa de payer les jours de salaire dus aux ouvriers. Cependant l’administration versaillaise trouva le matériel intact et dans l’ordre le plus complet.

Le budget des dépenses mensuelles s’élevait avant le 18 mars à 120 000 francs, dont 23 000 francs étaient absorbés par les appointements des fonctionnaires, employés, etc. À partir de cette époque, les dépenses ne s’élevèrent pas à 20 000 francs par semaine y compris les frais d’affichage.

Après la Commune, l’Union républicaine fit annoncer