Page:Lissagaray - Histoire de la Commune de 1871, MS.djvu/510

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.
496
APPENDICE

velle mairie. Varlin avait beaucoup de mal à grouper les gardes nationaux de Batignolles. Un état-major avait réuni des forces à la place du Trône et s’était rendu à la caserne de Reuilly ; mais la troupe avait fermé les grilles et pris une attitude menaçante. Brunel avec Lisbonne se préparait à intimider la caserne du Château-d’Eau.

« D’autres renseignements nous apprirent qu’on attendait des ordres du Comité. Duval s’était établi au Panthéon et attendait. Faltot nous envoyait une note avec ces mots : » J’ai cinq ou six bataillons dans la rue de Sèvres, que faut-il faire ? » Pindy avait pris possession de la mairie du IIIe et réunissait les bataillons dévoués au Comité. Dès que nous eûmes ces données, après nous être rendu compte des distances que chaque force aurait à parcourir, des lieux où l’on pouvait prendre des canons et des munitions, on arrêta quelques dispositions pour l’attaque…

« Pendant qu’on discutait ces résolutions, Lullier était venu se mettre à la disposition du Comité. Le Comité ne lui avait donné aucun ordre précis et s’était borné à lui dire qu’on rassemblait toutes les forces disponibles pour s’emparer de l’Hôtel-de-Ville.

« Je dois également ajouter que les barricades gagnaient constamment du terrain et que les boulevards du côté de la Bastille avaient été évacués par les troupes à la suite de cet envahissement.

« Des obstacles imprévus de toute nature, la difficulté de tenir la garde nationale sous les armes, nuirent à l’exécution de nos ordres. Ce qui aurait dû être exécuté à cinq heures ne s’exécuta qu’en partie et plus tard. Brunel ne put arriver qu’à sept heures et demie devant l’Hôtel-de-Ville et il s’en empara sans coup férir. Bergeret, parvenu à la place Vendôme, s’y barricada. Duval ne s’empara de la préfecture de police qu’à huit heures du soir. Eudes ne dépassa pas l’Imprimerie nationale. Quant à Faltot, je n’ai jamais bien su jusqu’où il avait été dans l’exécution ; je sais cependant qu’il agit.

« Pour assurer la transmission de nos ordres, chacun des membres alors présents — il en était arrivé d’autres, mais je ne saurais dire lesquels — se chargea d’aller les porter sur un point déterminé. De sorte que, à trois heures et demie, le Comité se séparait laissant Assi et deux autres membres en permanence rue Basfroi.

« Chacun de nous, en arrivant à son poste, retrouva les collègues qui n’étaient pas venus rue Basfroi mais qui, par leur activité dans leurs arrondissements, avaient préparé les moyens de résistance. Pour mon compte, je