Page:Lissagaray - Histoire de la Commune de 1871, MS.djvu/505

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.
491
HISTOIRE DE LA COMMUNE DE 1871

1896

Vingt-cinq années ont passé sur la Commune. Les Gallifet sont toujours là. Vaincu, le peuple aurait les mêmes mitraillades. L’ancienne troupe des réacteurs n’a pas un hobereau, un prêtre, un esclavagiste de moins qu’en 1871 ; elle a même racolé quelques titres bourgeois qui, sous masque de démocrate, facilitent ses approches.

En 48, au peuple ils avaient dit : « Le suffrage universel fait toute insurrection criminelle ; le bulletin a remplacé le fusil. » Et quand le peuple vote contre leurs privilèges, ils se cabrent ; tout Gouvernement est factieux s’il tient compte des vouloirs populaires. Que reste-t-il au peuple, sinon l’argument péremptoire, la force ? Il l’a enfin.

Après avoir tâté d’une masse de docteurs, l’ouvrier des villes et des champs a fini par témoigner d’une idée, d’une volonté propre — se soigner lui-même ; après de longues hésitations, la petite bourgeoisie, refoulée dans le prolétariat par les puissances financières, a fini par comprendre l’identité des intérêts. La soudure est presque faite entre ces deux classes qui constituent — parce qu’elles seules produisent — le véritable peuple français.

Il est revenu, après un long crochet, à la conscience de son origine. Pendant cent années, la France a expérimenté toutes les formes gouvernementales, fourni à tous les partis politiques les instruments de pouvoir, et tous les services de l’Etat, administrations, ministères ont continué de traîner après eux leur monde de créatures, leurs budgets toujours grossissant, leur vaste parasitisme au profit d’une caste, rui-