Page:Lissagaray - Histoire de la Commune de 1871, MS.djvu/334

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.
320
HISTOIRE DE LA COMMUNE DE 1871

CHAPITRE XXVII


« Les généraux qui ont conduit l’entrée à Paris sont de grands hommes de guerre. »
M. Thiers à l’Assemblée Nationale, le 22 mai 71.

Lundi 22. — Les Versaillais envahissent les quartiers de l’est. — Paris se lève.

Vers deux heures du matin, Dombrowski arrive à l’Hôtel-de-Ville, pâle, défait, contusionné à la poitrine par un éclat de pierre. Il raconte au Comité de salut public l’entrée des Versaillais, la débandade de Passy, ses efforts inutiles pour rallier les hommes. On s’étonne de cette invasion si rapide, — tant le Comité connaît peu la situation militaire. — Dombrowski, qui comprend mal, s’écrie : « Quoi ! le Comité de salut public me prendrait pour un traître ! Ma vie appartient à la Commune. » Son geste, sa voix attestent un désespoir amer.

Le jour se lève chaud et brillant comme la veille. La générale et le tocsin ont mis sur pied trois ou quatre mille hommes qui se hâtent vers les Tuileries, l’Hôtel-de-Ville et la Guerre. Des centaines d’autres abandonnent en ce moment leurs postes, quittent Passy, dégarnissent le XVe. Les fédérés du Petit-Vanves rentrés dans Paris à cinq heures du matin ont refusé de tenir, voyant les Versaillais au Trocadéro. Rive gauche, au square Sainte-Clotilde, des officiers s’efforcent de les arrêter. Les gardes les repoussent. « C’est maintenant la guerre des barricades, disent-ils, chacun dans son quartier ! » À la Légion d’honneur, ils forcent le passage. La proclamation de Delescluze les a déliés.