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Le Comité discute la date et le mode des élections quand on lui annonce une grande réunion de chefs de bataillons, maires et députés de la Seine à la mairie du IIIe. On assure au Comité qu’ils sont disposés à convoquer les électeurs.

« S’il en est ainsi, dit Moreau, il faut s’entendre avec eux pour régulariser la situation. » D’autres, se souvenant du siège, veulent tout simplement qu’un bataillon cerne la mairie, les arrête. Grêlier cherche une entente. — Babick : « Si nous voulons entraîner la France, il ne faut pas l’effaroucher. Demandez-vous quel effet produirait l’arrestation des députés et des maires et quel effet leur adhésion. » — Arnold : « Il importe de réunir un nombre imposant de suffrages. Tout Paris viendra aux urnes si les représentants et les maires s’associent à nous. » — « Dites plutôt, s’écrie un ardent, que vous n’êtes pas taillés pour votre rôle, que votre seul souci est de vous dégager. » — Bref, on délègue Arnold à la mairie. Le matin, M. Thiers avait passé aux maires l’administration provisoire de la ville de Paris et plusieurs députés de Paris s’étaient joints à eux. Langlois, furieux de son généralat manqué, aboyait aux « assassins » ; Schœlcher excommuniait l’Hôtel-de-Ville ; Henri Brisson déclarait que l’Assemblée saurait maintenir l’ordre. Le ciseleur Tolain haussait les épaules quand on lui parlait de ce comité d’ouvriers. Quelques-uns moins ulcérés craignaient l’intervention des Prussiens, et, à leur suite, l’Empire ; des socialistes dévoués. Millière, Malon, d’autres qui furent de la Commune, redoutaient un écrasement de prolétaires.

À la mairie du IIIe où s’étaient rendus beaucoup de chefs de bataillons abandonnés par leurs hommes, très hostiles par là au Comité Central, Arnold fut assez mal reçu ; les bouillants refusaient d’entendre parler du Comité. Enfin, on s’accorda pour envoyer des délégués à

    sont incomplets, inexacts, rédigés sur des indiscrétions inintelligentes, souvent de fantaisie. Ils font présider toutes les séances par Assi et lui attribuent un rôle capital, parce qu’il avait paru, sous l’Empire, diriger la grève du Creusot. Or, le président changeait à chaque séance et Assi n’eut jamais d’influence sur le Comité non plus que sur la Commune qui le fit arrêter.