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PRÉFACE D’ARRIEN.

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J’écris les guerres d’Alexandre sur les Mémoires de Ptolémée et d’Aristobule : unanime, leur témoignage me présente le caractère de la vérité ; opposé, je le discute, et n’admets que les faits dignes de foi, dignes de l’histoire. D’autres ont rapporté d’autres gestes du fils de Philippe ; car nul n’occupa des écrivains plus nombreux et plus divisés.

Ptolémée et Aristobule m’ont paru mériter le plus de créance ; Aristobule ne quitta point le prince durant cette expédition ; Ptolémée fut son compagnon d’armes ; et roi, il se fut plus avili qu’un autre par le mensonge ; tous deux enfin n’écrivirent qu’après la mort du conquérant, affranchis de cette contrainte et de cet intérêt qui auraient pu leur faire trahir la vérité.

Quelques auteurs ont rassemblé des traits qui méritent d’être cités, et que je n’ai pas jugé incroyables pour n’appartenir qu’au seul Alexandre ; je les ai recueillis.

La surprise de voir un nouvel historien succéder à tant d’autres, cessera peut-être en comparant leurs écrits au sien.


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Arrien, surnommé le nouveau Xénophon, était né à Nicomédie, capitale d’une province très florissante de l’Asie mineure. Arrien fut disciple d’Épictète, et, au sortir de son école, embrassa la carrière des armes. Il y jeta tant d’éclat, qu’Athènes et plusieurs autres villes le mirent au nombre de leurs concitoyens. Rome elle même voulut lui décerner cet honneur insigne, et le nomma gouverneur de la Cappadoce, menacée par les Scythes, connus sous le nom d’Alains.

En ce temps-là, c’était sous Hadrien, dans le second siècle de notre ère, les Romains dont le courage avait tant dégénéré, résistaient difficilement aux peuples qui combattaient avec une cavalerie nombreuse. Arrien déploya de si grands talens dans ses fonctions difficiles, qu’il vint à bout de dompter les Scythes, et de mettre les provinces romaines à l’abri de leurs incursions. De retour à Rome, il fut comblé de la faveur du prince, et parvint, peu de temps après, au consulat.

Arrien fut un écrivain très fécond. Un fragment d’une disposition de marche et d’un ordre de bataille, qui nous restent de son histoire de la guerre contre les Alains,