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AUTOUR D’UNE AUBERGE

à parler chemin faisant.

Marie Bonneterre, froissée dans sa dignité d’institutrice, et piquée par la remarque grossière de Rougeaud qui lui rappelait sa pauvreté, ne put retenir ses larmes. Rougeaud comprit qu’il avait été trop loin, et d’un air doucereux : Rassurez-vous, Marie, dit-il, consolez-vous, je crois qu’il n’y a rien de fait encore, mais il serait plus prudent de ne plus dire un mot sur la question des licences.

Tout le long du trajet, Melle Bonneterre réfléchissait sur ce qui pouvait arriver. Elle savait que son père, sous le rapport des principes ne transigerait jamais. Inquiète, autant pour ce dernier que pour elle-même, elle se recommandait intérieurement à la Sainte Vierge.

Bonneterre en voyant Rougeaud avec sa fille ne put retenir un mouvement de surprise. Comment, dit-il, Rougeaud avec ma fille ? Que veut-il ?

— Bonsoir M. Bonneterre, dit Rougeaud en entrant, ne vous étonnez pas, je me suis rendu à l’école pour mettre Mademoiselle au courant de quelques remarques faites sur son enseignement par des enfants. Vous connaissez l’intérêt que je vous porte, je ne voudrais pas que, pour des bagatelles, on lui fit un mauvais parti.

— Quelles sont ces remarques que tu as faites, Marie, reprit Bonneterre avec un accent qui montrait