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AUTOUR D’UNE AUBERGE

jeunes gens courent en conservant dans la paroisse une auberge qui ne peut que nuire. Donc, nous devons, si nous voulons rester de bons chrétiens, suivre en toutes lettres la ligne de conduite tracée par notre pasteur. On ne peut se soustraire à cette obligation sans manquer à son devoir. D’ailleurs vous connaissez cette parole de Notre-Seigneur : Celui qui n’écoute pas l’Église, qu’il soit regardé comme un païen et un publicain.

— Et croyez-vous, M. de Veneuil, que si le Curé réussit dans sa campagne, il pourra enlever toutes les occasions de boire ? Non ! c’est une illusion, ceux qui voudront en avoir, en trouveront toujours, il y aura des « trous »,[1] et ces « trous » sont encore plus redoutables que l’auberge ; dans tous les cas, M. de Verneuil, j’ai mon opinion bien arrêtée : en voulant trop obtenir on gâte toute la sauce. M. Héroux est, pour sûr, un bon prêtre ; mais il ne voit pas clair dans cette question, il s’imagine que tout le monde, comme lui, se contente de boire de l’eau de barbote ; pour moi, je suis bien décidé de ne pas me mêler de cette lutte.

— Pour répondre convenablement à ces objections qu’il y aura des « trous, » je peux vous dire que la loi de la Province est très sévère et les punit. Ensuite, ceux qui se font pincer une fois ou deux ne sont plus

  1. Endroits où l’on vend des boissons fermentées sans licence.