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AUTOUR D’UNE AUBERGE

débats parlementaires. C’est là que le public attentif et vigilant peut se renseigner sur la valeur de ceux qui le représentent. Les questions de religion, de patriotisme touchent fort peu les partisans. Cette pauvre question de l’emploi du français dans les services publics, question si importante pour l’avenir de notre race, n’a-t-elle pas rencontré sur son chemin des députés canadiens-français qui n’ont pas eu le courage de s’affirmer de crainte de blesser des sentiments étrangers.[1]

L’esprit de parti est donc un mal terrible. Tous les moyens sont bons pour arriver au pouvoir et le conserver. Dans certains villages au vu et au su de tout le monde on trouve, le jour de la votation, des liqueurs enivrantes. Que pouvons-nous attendre

  1. C’est M. Armand Lavergne, député de Montmagny, qui, pour répondre aux vœux de l’Association de la Jeunesse Catholique Canadienne-Française, a bien voulu présenter cette loi au Parlement de Québec, à la session de 1909. Tout d’abord il y eut divergence d’opinions parmi nos représentants, plusieurs de ces derniers ne voulurent point l’accepter de crainte de froisser nos compatriotes d’origine anglaise et les grandes compagnies. Enfin, après mûre réflexion, la députation accepta cette loi ; mais, au Conseil législatif, on devait la tuer. En effet à la surprise du pays tout entier, les membres du Conseil ont refusé d’approuver cette loi, faite dans le but de protéger notre langue et nos intérêts nationaux ! Seuls, MM. Chapais et les membres du même Conseil, conservateurs, moins un anglais, se sont montrés fermes et dignes. Honneur à eux ; mais honte à ceux qui, par une lâche complaisance, ont sacrifié notre belle langue. Ils ont montré qu’ils approuvaient ce triste personnage qui, disait-il, ne voulait point voir renaître la domination française dans un pays anglais.

    Ceci pour servir à l’histoire.