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AUTOUR D’UNE AUBERGE

faire la guerre à la religion et à ses prêtres. Il les abandonne à eux-mêmes, et lorsque la mesure est pleine, il frappe ces malheureux de sa main vengeresse.

Un jour que, comme à l’ordinaire, Sellier était en état d’ivresse et qu’il regardait ses hommes, occupés à abattre un gros arbre, il fut frappé à la tête par une branche avec une telle violence, qu’il fut tué instantanément.

Les hommes du moulin le portèrent à sa maison. Un médecin, mandé en toute hâte, ne put que constater la mort.

Quelle triste fin ! Grand Dieu ! Quel exemple pour ceux-là qui, aujourd’hui encore, ne craignent pas de faire la guerre à Dieu et à ses ministres ! Les paroles du saint homme Job ne sont-elles pas toujours d’une remarquable actualité :

Pour moi, je l’ai vu, ceux qui labourent l’iniquité
Et qui sèment l’injustice, en moissonnent les fruits ;
Au souffle de Dieu ils périssent,
Ils sont consumés par le vent de sa colère.[1]

Sellier fut enterré près du moulin, ainsi qu’il l’avait demandé dans son testament. Contrairement à ce qu’il avait promis à Rougeaud, il léguait tous ses biens à un de ses frères qui vivait encore en France.

Ce dernier, ayant appris la fin de l’infortuné ar-

  1. Job. Ch. IV, versets 8, 9, 10.