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LA PETITE SŒUR DE TROTT

qu’on lui apporte sa bouillie, juge nécessaire avant de la consommer de se mettre dans une colère indicible et d’avaler de travers les deux ou troi premières cuillerées, de manière à se procurer une quinte de toux qui la rend écarlate et lui fait sortir les yeux de la tête ? après quoi elle engloutit le reste avec béatitude. Cette méthode est pratiquée plusieurs fois tous les jours avec une régularité invariable. Si quelque chose semble assuré chez Mlle Lucette, c’est une persistance tenace dans ses volontés. Cette disposition déraisonnable vexe Trott au plus haut point, mais ses plus vives exhortations demeurent sans effet. Il n’est pas plus heureux quand il essaye de persuader à Mlle Lucette de sucer raisonnablement les croûtes de pain qu’on lui offre ; elle préfère infiniment commencer par oindre tout le morceau de sa salive, après quoi elle le frotte