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UN DOMPTEUR DOMPTÉ

que maintenant Trott se sent supérieur à quelqu’un, d’une supériorité incontestée, permanente, qui le gonfle d’un orgueil indéniable. Il y a quelqu’un qui est moins grand, moins fort, moins leste, moins vieux que lui. À côté de sa petite sœur, lui, qu’on appelle toujours : mon petit bonhomme, il est un colosse, un géant, quelque chose de superbe. Et, de la petitesse de Lucette, il se sent une grandeur prodigieuse. S’il le voulait, il pourrait comme ça l’écraser d’un geste, la porter comme un paquet, en faire ce qu’il voudrait. Sans doute, il n’y songe pas. Il ne voudrait pour rien au monde lui causer la moindre peine. Et quant à la porter, d’abord, quoiqu’il soit bien assez fort, on ne le lui permettrait pas, et lui-même aurait beaucoup trop peur de la casser. Mais enfin, s’il le voulait, il le pourrait ; et s’il ne le veut pas, c’est par un acte de sa bonté.