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donnables, et méritent les traits les plus acérés de la critique. »

Le marquis se leva du sofa ; son page avait un air triste et découragé qui n’échappa point à son attention.

« Néanmoins, » dit-il en souriant, « je pense que ces vers ne vous feront aucun tort ; votre versification est passablement facile, et vous semblez avoir l’oreille juste. La lecture de votre petit poème, après tout, m’a fait grand plaisir, et si ce n’est pas demander une trop grande faveur, je vous serai fort obligé de m’en donner copie. »

La physionomie du jeune homme s’éclaircit soudain. Il ne remarqua point le sourire moitié approbateur, moitié ironique dont la demande était accompagnée, et il promit la copie avec grand empressement. Le marquis se retira dans sa chambre, fort amusé de l’effet subit produit sur la vanité de Théodore par la conclusion de sa critique. Il se mit au lit ; le sommeil s’empara bientôt du lui, et ses rêves lui présentèrent les plus flatteuses perspectives de bonheur avec Agnès.

En arrivant à l’hôtel de Médina, le premier soin de Lorenzo fut de demander ses lettres. Il en trouva plusieurs qui l’attendaient ; mais celle qu’il cherchait n’était pas du nombre. Léonella n’avait pu lui écrire ce soir-là ; mais son impatience de s’assurer du cœur de don Christoval, sur lequel elle se flattait d’avoir fait une impression assez profonde, ne lui permit pas de passer encore un jour sans l’informer où il la trouverait. À son retour de l’église des Capucins, elle avait raconté à sa sœur avec transport toutes les attentions qu’un beau cavalier avait eues pour elle, et comme quoi aussi son compagnon s’était chargé de plaider la cause d’Antonia auprès du marquis de Las Cisternas. Elvire reçut cette confidence avec des