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il est toujours à mon service, et, quand vous le verrez, je suis sûr qu’il vous plaira. Mais excusez cette digression ; je reviens à mon sujet.

« Je suivis les instructions d’Agnès. Je gagnai Munich ; là je laissai ma chaise aux soins de Lucas, mon domestique français, et je revins à cheval à un petit village situé à environ quatre milles du château de Lindenberg. En arrivant, je fis au maître de l’auberge où j’étais descendu un conte qui l’empêcha de s’étonner de la durée de mon séjour dans sa maison. Le brave homme, heureusement, était crédule et peu curieux ; il ajouta foi à toutes mes paroles, et ne chercha pas à en savoir plus que je ne jugeais convenable de lui en dire. Je n’avais avec moi que Théodore : nous étions déguisés tous deux, et comme nous vivions fort retirés, on ne nous soupçonna pas d’être autres que nous ne paraissions. Les quinze jours s’écoulèrent de la sorte. Dans l’intervalle, j’eus l’agréable certitude qu’Agnès avait été remise en liberté. Elle traversa le village avec dame Cunégonde ; sa santé et son humeur semblaient également bonnes, et elle causait avec sa compagne sans avoir l’air de se faire violence.

« Quelles sont ces dames ? » dis-je à mon hôte, comme la voiture passait.

« La nièce du baron Lindenberg avec sa gouvernante, » répliqua-t-il ; « elle va régulièrement tous les vendredis au couvent de Sainte-Catherine, où elle a été élevée, et qui est situé à un mille d’ici. »

« Vous pouvez croire que j’attendis avec impatience le vendredi suivant. De nouveau je vis mon adorable maîtresse. Elle jeta les yeux sur moi en passant devant l’auberge. Une rougeur qui couvrit sa joue m’apprit qu’en dépit de mon déguisement, j’avais été reconnu. Je la saluai profondément ; elle me rendit le compliment par