Page:Lewis - Le Moine, Tome 1, trad Wailly, 1840.djvu/138

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

ma monture, et Marguerite aiguillonna la sienne avec le poignard qui nous avait déjà rendu un si grand service. Nous volâmes comme l’éclair, et gagnâmes la plaine. Déjà le clocher de Strasbourg était en vue, quand nous entendîmes les voleurs qui nous poursuivaient. Marguerite regarda en arrière, et les vit qui descendaient une petite colline peu éloignée. C’était en vain que nous pressions nos chevaux : le bruit se rapprochait à chaque moment.

« Nous sommes perdus ! » s’écria-t-elle ; « les scélérats nous rattrapent ! »

« En avant ! en avant ! » répliquai-je ; j’entends le pas de chevaux qui viennent de la ville. »

« Nous redoublâmes d’efforts, et bientôt nous distinguâmes une troupe nombreuse de cavaliers qui venaient vers nous à toute bride. Ils étaient sur le point de nous dépasser.

« Arrêtez ! arrêtez ! » cria Marguerite ; « sauvez-nous ! pour l’amour de Dieu, sauvez-nous ! »

« Le premier, qui paraissait servir de guide, arrêta court son cheval.

« C’est elle ! c’est elle ! » s’écria-t-il en sautant à terre : « Arrêtez, seigneur, arrêtez ! ils sont sains et saufs ! c’est ma mère ! »

« Au même moment Marguerite se jeta à bas de son cheval, prit l’étranger dans ses bras et le couvrit de baisers. Les autres cavaliers s’étaient arrêtés.

« La baronne Lindenberg ? » demanda l’un d’eux avec anxiété. « Où est-elle ? N’est-elle pas avec vous ? »

« Il resta immobile en la voyant étendue sans connaissance dans mes bras. Il me la prit promptement ; l’assoupissement profond où elle était plongée le fit trembler d’abord pour sa vie ; mais le battement de son cœur le rassura bientôt.