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L’ÉPOUVANTE

entendre résonner sa propre voix dans le silence. Il regardait toujours droit devant lui, et, soudain, il tendit le cou : Dans le sable jaune de l’allée des traces lui étaient apparues, qu’une ombre mince découpait, empreintes de pas, nettes ici, déjà recouvertes par d’autres empreintes. Il revint jusque sous la porte, se baissa et prit dans sa main un peu de sable : C’était un sable sec, au grain très fin et si léger que le moindre souffle devait le déplacer. Il entr’ouvrit les doigts et le vit retomber en une poudre claire. Alors, brusquement, tous ses doutes s’évanouirent avec toutes ses théories sur la peur et les images fantastiques qu’elle suggère. Jamais son esprit n’avait été plus lucide, jamais il ne s’était senti plus calme. Son cerveau travaillait comme un bon tâcheron qui abat sa besogne et qui, ayant frappé son dernier coup de marteau, prend la pièce achevée et, le poing tendu, l’élève satisfait à hauteur de son œil.

Il se ressaisit, ramassa ses idées confuses. Tout ce qui pendant un moment lui avait semblé chimérique lui apparut de nouveau plus que vraisemblable, vrai. Une certitude faite d’indices