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L’ÉPOUVANTE

Dans le couloir, son avocat lui dit :

— Je viendrai vous voir demain matin, nous avons à causer longuement…

— Je vous remercie, fit Coche.

Et il se laissa emmener par les petits corridors jusqu’à la sortie du Palais. Seul de nouveau dans sa cellule, il se prit à réfléchir longuement, fortement. Il était loin le reporter aventureux, prompt à la riposte, ingénieux et risque-tout quand il fallait ! Il commençait à se repentir d’avoir engagé une telle partie. Non qu’il eût la moindre crainte sur son issue ; il savait que d’un seul mot il réduirait toutes les charges à néant. Mais, malgré tout, il sentait le cercle menaçant se resserrer autour de lui, et le doigt pris dans l’engrenage redoutable de la machine judiciaire, il comprenait qu’il lui faudrait faire un gigantesque effort pour ne pas y laisser le bras tout entier. Il s’était imaginé jeter à la faveur de la ruse, le trouble dans la police, l’acculer aux maladresses, aux imprudences : il s’apercevait qu’il avait accumulé des charges telles contre lui, que l’homme le moins prévenu n’aurait pas hésité à dire en le voyant :