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L’ÉPOUVANTE

continue après eux dans la demeure qu’ils ont habitée. La chambre où des êtres ont aimé, souffert, est un témoin mystérieux, et pourtant indiscret, pour ceux qui savent regarder, réfléchir. Certains appartements — pauvres ou luxueux, tristes ou gais — sont hostiles au visiteur qui vient pour les louer. Et, qu’y aurait-il d’invraisemblable, en vérité, à ce que les objets eussent une vie profonde, insoupçonnée ? N’est-ce pas le passage rapide des hôtes d’une nuit ou d’un jour, qui donne aux chambres d’hôtel cet aspect banal, impersonnel ? Les meubles, cependant, y sont parfois semblables à ceux qui ornent le foyer regretté. Le lit de palissandre, l’armoire à glace, la toilette-commode, avec sa garniture à fleurs, les rideaux à ramages, la descente de lit ornée d’un lion couché dans la verdure, la cheminée avec sa pendule dorée et ses candélabres de marbre, la petite étagère avec ses bibelots en imitation de Saxe, et la couronne de fleurs d’oranger sous un globe, tout cela ne forme-t-il pas le mobilier que l’on retrouve dans les vieilles maisons de province ?

D’où vient alors que, dans les vieilles maisons