Page:Lettre d'Abgar, 1868.djvu/22

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

une des croix des larrons. Voici que nous avons vu maintenant, et que nous nous réjouissons bien sûrement, et Dieu, qui fit ce miracle, en fut glorifié[1]. Et elle remit la croix du Christ à Jacques pour qu’il la gardât respectueusement et lui ordonna de bâtir un grand et somptueux édifice sur la cime de la montagne où Jésus fut crucifié, et sur le sépulcre où il fut enterré, afin que ces lieux fussent tenus en honneur et qu’ils devinssent pour le peuple des lieux sacrés. L’impératrice s’apercevant que tous les habitants de la ville accouraient en foule pour voir cet étonnant miracle, ordonna que sa fille retournât au palais, où elles étaient descendues, sans se voiler et sans les ornements royaux, afin que tout le monde en la voyant, rendît gloire à Dieu.

» Mais les Juifs et les païens, qui s’étaient bien réjouis de la mort de sa fille, maintenant qu’elle était ressuscitée, eurent à s’affliger très-amèrement, et ils auraient voulu que ce miracle n’eût jamais été opéré, car ils voyaient qu’il était devenu un motif pour convertir plusieurs personnes à la foi de Jésus-Christ ; d’une autre part, ils ne pouvaient souffrir de voir que ces sortes de miracles se répétassent plus fréquemment depuis l’ascension de Jésus qu’auparavant. Cependant la nouvelle de ces insignes prodiges opérés par mes condisciples qui prêchaient Jésus-Christ se répandait dans les pays les plus lointains, et l’église de Jérusalem et celles des villes d’alentour commencèrent à jouir d’une grande tranquillité, et ceux qui n’avaient pas vu le miracle déjà mentionné, en l’apprenant, glorifiaient de plus en plus le Seigneur. Lorsque l’impératrice eut quitté Jérusalem pour se rendre à Rome, dans toutes les villes où elle arrivait, le peuple en foule la pressait et la serrait pour voir sa fille. Et quand elle arriva à Rome, elle raconta tout ce qui s’était passé dans son voyage en présence de

  1. On sait bien que ce sont les mêmes détails qu’on raconte dans l’acte de l’invention de la Croix par l’impératrice Ste Hélène, mère de Constantin.