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à force d’aimer

— Je le voudrais bien, » fit Horace avec une réelle tristesse.

— « Bah ! vous voulez me faire croire qu’il vous gêne, » reprit-elle en haussant les épaules. « Mais, s’il vous tenait vraiment la chair et l’âme, vous ne verriez que les arguments en sa faveur. Ainsi, qui vous dit que le mariage vous donnerait des enfants ?

— Rien ne me dit que j’en aurais. Mais tout me dit que, si j’en avais, je me dévorerais d’inquiétude jalouse, je chercherais sur leur visage une image abhorrée… Moi-même, en eux, j’aurais ressuscité l’amour mort, j’aurais fait fructifier les caresses anciennes… Je me sacrifierais pour des êtres qui, sous mon nom, auraient les traits, les goûts, les vices peut-être d’un autre… Ce serait épouvantable… Non, non, je connais trop les lois de l’hérédité… »

La doctoresse réfléchissait.

— « Soit, mon cher ami, » dit-elle. « Mais, si c’est là ce que vous pensez, vous feriez mieux de quitter Clermont. Vous avez le droit de réclamer une chaire à Paris. Pourquoi ne la demanderiez vous pas ?

— Est-ce Mme Hélène Marinval qui vous a chargée de me mettre ainsi au pied du mur ? » questionna ironiquement Horace.

— « Grands dieux, non ! La pauvre petite !… Elle a d’autres projets en tête.