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à force d’aimer

— Je sais bien… Mais maman ne veut pas… La preuve, c’est que, quand tu es entré par la grille, nous avons couru derrière le massif, comme en jouant à cache-cache, pour que Fräùlein ne nous voie pas te parler. »

Le petit garçon à qui s’adressaient ces paroles devenait très rouge en les écoutant, et des larmes semblaient prêtes à poindre sous ses paupières qui battaient.

C’était un enfant de huit ans tout au plus, aux traits distingués et jolis, à la mise propre mais très simple. Deux fillettes de quatre et six ans, très élégantes, se tenaient devant lui. L’aînée lui parlait d’un air raisonnable, avec déjà des délicatesses toutes féminines.

— « Moi, ça me fait du chagrin aussi, » disait-elle. « Mais, tu comprends, nous ne pouvons pas faire gronder Fräùlein… Nous, ça n’est pas notre faute… Nous voudrions bien jouer encore avec toi… Nous t’aimons bien, tu es gentil. » Elle se tourna vers sa compagne : « Il est gentil, pas, Germaine ? »

Germaine prononça d’un air grave :

— «  Il sait faire des bateaux… pis des jardins, avec des vraies rivières. »

De l’autre côté du massif, une voix appela, avec un fort accent tudesque :

— « Huguette !… Germaine !… Où êtes-vous ?… »