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à force d’aimer

gente… adorablement bonne. Ah ! comme je vous aime !… »

Elle répondit :

— « Moi, je vous considère comme le plus noble des hommes… »

Elle parut vouloir ajouter quelque chose, qu’elle n’osait pas. Il s’inclina plus près d’elle, avec un mouvement d’interrogation passionnée.

— « Et je vous aime, » ajouta-t-elle dans un souffle, avec une rougeur et un délicieux sourire.

Il pencha tout à fait la tête et couvrit ses mains de baisers.

— « M’aimerez-vous toujours et malgré tout ? » demanda-t-il ensuite, mêlant dans sa question une timidité anxieuse avec une certitude enivrée. « Je n’ai à vous offrir, moi qui voudrais mourir pour vous voir heureuse, que la pauvreté, la lutte, l’existence hasardeuse d’un soldat, car je suis le champion d’une cause qui réclame à toute heure ma pensée, mon travail, ma vie… Et si vous saviez de quelles difficultés, de quelles tristesses immédiates, je suis venu vous entretenir !… »

Elle dégagea l’une des petites mains qu’il tenait, et, à son tour, saisit la sienne, comme pour un pacte :

– « Je vous appartiens, dit-elle, « et j’appartiens avec vous à la cause que vous servez. Si aujourd’hui quelque événement imprévu nous séparait pour toujours, je ne me marierais pas, et je