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à force d’aimer

— « Vous n’avez donc pas, » murmura-t-il, « renoncé ?…

– À quoi ?… À démasquer des misérables ?… À renverser à coups de pied l’abominable édifice de leur fortune ?… À leur arracher pour le rendre à leurs malheureuses victimes un peu de l’argent qu’ils ont volé ?…

— Mon cher maître, si l’Avenir social entreprend cette œuvre, — œuvre de justice, sans doute, et que je ne discute pas, — je me verrai forcé de vous donner ma démission de rédacteur, de me séparer de vous. Le bonheur de ma sœur Huguette m’est sacré. Quant à Mlle de Percenay, je l’aime et je me sais aimé d’elle.

— Je m’attendais à cette réponse, » dit Horace. « Eh bien, renonce à Mlle de Percenay, et je renonce à ma campagne contre Vallery et son complice. »

René tressaillit et ouvrit des yeux stupéfaits. Il réfléchit un instant, puis reprit :

— « Pardonnez-moi si je ne trouve pas ce marché digne de vous. Veuillez m’expliquer vos raisons, qui doivent être en rapport avec votre haut caractère. Je ne les devine pas du tout.

— Si tu renonces à cette jeune fille, tu restes mon fils, mon disciple, et le serviteur de notre œuvre. Si tu l’épouses, tu es perdu pour moi et pour notre cause. Je trouve que tu vaux le sacrifice de ma propre vengeance et même de l’acte