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à force d’aimer

Édouard fit un mouvement. Hélène reprit très vite :

— « Non, non, n’insistez pas. Vous faites aujourd’hui une démarche dictée par une femme — la vôtre. Il n’y a que les femmes pour avoir de ces idées absurdes et monstrueuses. Vous-même » (et elle eut un subtil mépris dans la voix pour prononcer le compliment) « vous-même n’iriez pas tout seul jusque-là dans l’égoïsme et la dureté. »

Il se récria. Elle n’avait pas compris. Lui, exposer à la misère son propre fils et la mère de cet enfant !… Il sortit un portefeuille de sa poche.

— « Ma chère Hélène, vous savez pourquoi jusqu’à présent je n’ai pas fait pour René ce que j’aurais voulu faire…

J’ai refusé l’argent de votre femme, » dit Mlle Marinval. « Je le refuse encore.

— Mais c’est le mien ! Je suis maintenant aussi riche qu’elle… Vous faut-il des preuves ?

— C’est inutile, » fit-elle en étendant la main pour l’empêcher de produire les valeurs. « Je ne veux pas quitter Paris. »

Elle ajouta :

— « Notre conversation est terminée. Je vous saurai gré de ne pas sortir trop tard de chez moi, et de n’y jamais revenir. La stricte régularité de mon existence est un des éléments de mon gagne-pain. »

Il y avait quelque chose de si décisif dans ce