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à force d’aimer

sa propre situation ? L’allusion ne s’arrêterait pas au nom seul. Mlle de Percenay ne blâmerait-elle pas son audace ?

Comme il s’excusait, en hésitant, d’avoir mis sur la scène les chères syllabes, surtout pour désigner une héroïne aussi imparfaite que la sienne, Huguette l’interrompit :

« Oh ! votre Germaine est adorable. Mais elle a le tort de se laisser mourir. Tandis que la nôtre » (et elle entoura de son bras les épaules de son amie) « vivra pour épouser celui qu’elle aime, en dépit de tous les obstacles. »

Mlle de Percenay sourit et eut un mouvement comme pour imposer silence à l’indiscrète. Mais en même temps elle regarda René. Ce regard, rapide et presque aussitôt voilé, disait cependant son choix et sa résolution.

— « Ô René ! » s’écria Huguette, donnant le commentaire expressif et inconscient de cette courte scène, « survivez à cet affreux duel, et nous serons heureux… nous serons si heureux ensemble tous les trois !…

— Mon Dieu !… » murmura le jeune homme, « ce serait un trop beau rêve… un rêve impossible…

— Pourquoi impossible ? » demanda Huguette.

Quelle énergie ne fallait-il pas à René pour expliquer que tout le séparait d’elles, les conventions sociales et le devoir qu’il s’était imposé, les