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à force d’aimer

sont-ils pas frère et sœur ?… Irais-je me venger sur votre fille de vos torts envers moi ?… Quelle lâcheté de s’en prendre à ce pauvre petit !…

— Ma femme a peut-être été un peu vive… Mais elle a cru que vous cherchiez un scandale.

— Alors elle a eu la complaisance de le faire éclater. »

Il bifurqua, se rejeta dans des explications filandreuses. Et Hélène attendait toujours en vain qu’il laissât voir le fond de sa pensée. Elle sentit qu’il n’osait pas. Alors elle résolut de l’apprivoiser. Elle se rassit, feignit de désarmer, de devenir raisonnable. D’une voix conciliante, elle prononça :

— « Pourquoi donc avez-vous cru devoir mettre Mme Vallery au courant de la situation ?

— Elle l’aurait toujours apprise une fois ou l’autre, » dit naïvement Édouard. Il n’ajouta pas : « J’ai voulu me réserver le bénéfice de ma franchise. » — « Seulement, » reprit-il en détournant les yeux, « j’avais cru pouvoir lui faire une promesse.

— Laquelle ?

— Celle d’obtenir que vous quitteriez Paris. »

Le grand mot était lâché. Voilà donc le but de la visite de ce soir. Il évoqua chez Hélène tout un monde d’images, de confuses pensées, en dehors de sa signification directe. Elle eut comme la vision et l’écho de la scène qu’avait dû faire