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à force d’aimer

force inconnue !… Exercez-la, je vous en supplie, envers notre malheureux père !

— Retournez auprès de lui, et rassurez-vous, chère Huguette. C’est vous que je veux sauver. Je suis presque certain d’y parvenir.

— Lui dirai-je donc que vous voulez bien être mon frère, et que vous ne voulez pas être son fils ?… Comment sera-ce possible ? »

René ne répondit pas.

— « Adieu, cher frère, » prononça doucement la jeune fille.

— « Au revoir, ma jolie petite sœur, » dit-il avec un sourire d’admiration attendrie.

Ils se tenaient la main. Ils n’osaient pas s’embrasser. Pourtant tous deux rêvaient à la saveur chaste et bizarre qu’aurait ce baiser permis, audacieux comme une caresse défendue.

L’idée les fit rougir. Et, comme l’embarras de leur hésitation devenait plus grand que celui de l’action elle-même, spontanément leurs visages se rapprochèrent. Huguette tendit sa joue, que René effleura de ses lèvres.

Et, lorsqu’ils se furent quittés, tous deux restèrent délicieusement envahis par la tendresse et le mystère.