sement vers le sien, ouvrit en lui toutes les sources d’affection si longtemps comprimées.
Il prit les mains de la jeune fille.
— « Ô ma sœur ! » s’écria-t-il, « ma bien-aimée sœur !… Je puis donc vous appeler de ce nom sans manquer à mon devoir et à mes serments. J’ai su ce que vous êtes pour moi depuis le jour où l’on nous a séparés, au parc Monceau… Vous rappelez-vous ?
— Au parc Monceau ?… »
Elle ouvrit ses grands yeux bleus pleins d’inquiétude, comme si elle le croyait devenu subitement un peu fou.
— « Mais oui… Souvenez-vous… Ce petit garçon qui vous construisait des jardins dans le sable, auprès de la Rotonde… Vous veniez avec une Fräùlein aux cheveux roux, qui lisait toujours…
— C’était vous ?… » cria Huguette.
Une gaieté maintenant les animait, à l’éveil de leurs souvenirs. Assis l’un à côté de l’autre, ils se rappelaient mutuellement mille détails.
À la fin, René prononça d’une voix moins assurée :
— « Il y avait aussi votre amie, la petite Germaine… »
À ce nom, Huguette rougit légèrement.
— « C’est elle que vous avez vue dans notre loge, le jour de La Force inconnue.