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à force d’aimer

sition impassible, les bras inertes, son regard de velours sombre toujours tendu vers la scène vide.

Quand le silence se rétablit, ses deux compagnes la taquinèrent. Ses jolies lèvres retroussées accentuèrent le mystère de leur sourire, mais ne trahirent pas ses impressions.

Au moment où le rideau allait se relever pour le premier acte du drame, la porte de la loge s’ouvrit. M. de Percenay parut. Le ministre avait eu la curiosité un peu inquiète de cette philosophie et de cet art nouveaux.

— « Vous ne savez pas, » dit-il, « avec qui je viens de causer dans les coulisses ?

— Avec l’auteur ? » devina Huguette.

— « Tout juste. Je me le suis fais présenter, ce petit René Marinval. Il n’a pas du tout l’air d’un ogre socialiste. »

Maurice de Percenay, tout en se rappelant vaguement l’histoire d’un enfant naturel qu’aurait eu son ami Édouard, n’établissait aucun rapport entre cet enfant, disparu depuis des années, et le jeune homme avec lequel il venait d’échanger quelques mots derrière un châssis de décor. Aussi sa proposition lui parut-elle des plus simples quand il dit aux jeunes filles :

— « Si cela vous amuse, je vous l’amènerai au prochain entr’acte.

— Oh ! oui, » s’écria Huguette,