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à force d’aimer

« Tu vois tes initiales gravées : René Marinval. »

Le petit garçon, dans sa joie, se sentait troublé par la contenance impassible d’Hélène.

— « Puis-je la prendre ?… » dit-il avec une gentille supplication de tout son petit être, en tirant la jupe de sa tante.

— « Oui, mon enfant. Et maintenant va jouer dans la salle à manger… Laisse-nous. »

René allait obéir, quand, tout à coup, il se rappela que, dans son émotion, il n’avait pas dit merci. Il revint donc sur ses pas, se planta devant le visiteur, et, ne sachant comment exprimer sa reconnaissance, il se haussa sur la pointe des pieds, les bras tendus, disant :

— « Voulez-vous me permettre de vous embrasser ? »

Le monsieur rougit très fort. Puis il accepta et rendit la caresse avec un froid empressement.

Hélène s’était laissée tomber sur une chaise et avait caché son visage dans ses mains.

Quand René fut sorti de la chambre, Mlle Marinval releva la tête. Ses yeux ruisselaient de larmes. Édouard Vallery s’approcha.

— « Voyons, ma chère Hélène, voyons… » dit-il avec l’accent qu’on prend pour consoler un bébé.

Elle dit fièrement :

— « Ce n’est pas sur vous ni avec vous que je pleure. N’y faites pas attention, je vous prie.