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à force d’aimer

— « Parce que M. Vallery serait déshonoré. »

La jeune fille lui arracha son bras, s’éloigna de lui.

— « Ce n’est pas vrai !… cria-t-elle.

— « Chut ! » fit-il d’un air inquiet, avec un rapide coup d’œil vers le rideau de feuillage.

— « Ah ! vous craignez qu’on n’entende ? » dit-elle à haute voix. « Mais, moi, ça m’est égal. Au contraire !… Je vais appeler tous ceux qui sont ici, et vous chasser de l’hôtel devant eux ! »

Ludovic s’étonna de sa violence, de l’éclat de ses yeux, de sa résolution toute prête à se transformer en acte.

Il avait cru terroriser tout de suite cette jeune fille timide, lui faire joindre les mains pour supplier, l’amener à s’offrir pour sauver son père. Il ne savait point quelles énergies la moindre attaque à leurs affections soulève chez les femmes les plus douces.

Il demeura quelques secondes interdit. Car il se sentait désarmé du moment que Huguette ne le croyait pas.

Elle le toisa d’un regard où l’indignation se changeait en dégoût. Puis, d’un ton quelque peu assourdi :

— « Je ne veux pas d’esclandre aujourd’hui chez nous, » reprit-elle. « Car j’ai réuni mes amis pour leur faire plaisir, non pour leur imposer une im-