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à force d’aimer

cravate et sa redingote à jupe, suivant la mode ressuscitée de Louis-Philippe, lui donnaient cette physionomie agaçante des hommes qui ont l’air d’avoir songé à leur toilette. Toute excentricité masculine de vêtement est ridicule par la puérilité de préoccupations qu’elle dénote. Un homme ne porte avec élégance que les costumes auxquels on ne peut le soupçonner d’avoir pensé. Une combinaison visible lui fait perdre en grâce virile ce qu’il croit gagner en beauté.

C’était l’avis de Huguette, et, n’eût-elle rien eu d’autre à lui reprocher, que cette figure poupine, guindée sur un faux col, lui eût inspiré la répulsion d’un mannequin de tailleur ou d’une enseigne de perruquier.

Mais ce qui lui était plus odieux encore, c’était la cour audacieuse et assurée que lui faisait ce jeune homme. Son nom était Ludovic Chanceuil. Autrefois secrétaire de M. Vallery, maintenant chef de cabinet sous M. de Percenay, il se trouvait, dans les deux maisons, sur un pied de grande intimité. Il en abusait par ses assiduités auprès de Huguette. Une espèce de crainte mal définie, éveillée par certains sous-entendus dans les propos de cet homme, empêchait la jeune fille de se plaindre à son père.

Ce qui avait rendu la fête de son anniversaire plus joyeuse pour Mlle Vallery, c’est que cette fête tombait précisément un jour d’interpellation à la