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à force d’aimer

soi, et ce creux à l’estomac qui rendrait si savoureux le dîner préparé par la brave vieille femme de ménage. Puis on s’était tant amusé ! Sur les deux visages pareils de la jeune femme et du petit garçon fleurissait la même fraîcheur rose, brillait le même rayonnement doux, et nulle trace n’y restait des larmes répandues la veille. Pourtant l’oubli ne s’était pas fait chez l’une aussi promptement que chez l’autre. À plusieurs reprises, Hélène dirigea vers la grille du parc Monceau un regard chargé d’une anxieuse préoccupation.

Quand ils entrèrent, la concierge arrêta Mlle Marinval.

— « Il est venu un monsieur qui paraissait très contrarié de ne pas vous rencontrer.

— Un monsieur ?… » dit Hélène surprise : car elle avait plutôt affaire aux mamans de ses petits élèves.

— « Oui… Un monsieur très bien, très bel homme. Il a dit comme ça que c’est très pressé ce qu’il a à vous dire, alors qu’il prendra la liberté de revenir ce soir, vers huit heures.

— Mais je ne reçois personne le soir ! Il ne vous a pas dit son nom, ce monsieur ?

— Oh ! si, mademoiselle. Voilà sa carte. »

Et la portière, ayant suffisamment prolongé son petit effet et scruté la physionomie d’Hélène, se décida à tendre le carton.