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à force d’aimer

Des acclamations les accueillirent. Les députés se levaient, battaient des mains. Une majorité emballée vota l’autorisation d’une émission nouvelle de valeurs à lots. Dehors, sur le quai, la foule criait : « Vive le Tunnel ! Vive Vallery !… » Le soir, au siège de la Compagnie, on illumina. Et le lendemain les actions, qui devenaient lourdes, s’enlevèrent d’une hausse incroyable.

Comment se fit-il que, très peu de temps après cette journée de triomphe, un malaise se produisit à la Bourse, lorsqu’on vit, peu à peu, ce papier, d’une valeur toujours croissante, se multiplier sur le marché ? On avait beau en acheter, il en surgissait toujours. Que se passait-il donc ? Qui vendait ?… Naturellement la cote descendit. Quelques malins jouèrent à la baisse et réussirent. Mais ceux-là mêmes restaient stupéfaits de leur victoire. Car pourquoi vendait-on après la reprise des travaux, après le rapport des ingénieurs officiels ?

Mais tout à coup ce fut la débâcle, le coup de tonnerre. Une nouvelle, d’abord démentie par la presse et par l’opinion, puis bientôt acceptée comme une vérité foudroyante, consterna les souscripteurs du Tunnel. Un nouvel accident avait eu lieu. L’expertise du Gouvernement avait été trop optimiste. L’entreprise était impossible. La Compagnie suspendait les travaux.

Le public se rua aux guichets. Mais à quoi bon ?