Page:Lesueur - À force d'aimer, 1895.djvu/169

Cette page a été validée par deux contributeurs.
165
à force d’aimer

perdit la sienne après dix mois d’union, à la naissance de Germaine. Mme Vallery et Mme de Percenay n’eurent donc pas le temps de brouiller leurs maris. Plus tard, Maurice eut l’habileté de faire la cour à Clotilde. Les qualités extérieures qui l’avaient fait réussir auprès des électeurs : une tête romantique et échevelée ; un enthousiasme à fleur d’âme cachant le scepticisme absolu, l’égoïsme sans scrupules ; du brio, de la faconde, des accents et des gestes de tribun, c’était ce qu’il fallait, à ce moment précis, pour secouer agréablement les nerfs inquiets et détendus de Mme Vallery.

M. de Percenay joua sa comédie d’amoureux vers l’instant où Clotilde avait épuisé celles de sa tendresse maternelle et de sa jalousie conjugale. Cette frivole petite âme de femme s’affalait pour de bon dans l’ennui, comme un pauvre cerf-volant qu’aucun souffle ne soutient plus. L’heure du premier amant sonnait au cadran de cette inconsciente destinée. Ce fut Maurice qui se présenta. Il était là depuis longtemps, mais il attendait le signal. Quand Mme Vallery fut mûre pour l’adultère, quelque chose d’inexplicable avertit de Percenay et elle-même simultanément. Ces deux êtres, qui, pendant des années, s’étaient rencontrés avec calme, s’aperçurent qu’ils se désiraient avec ardeur… Ils n’essayèrent pas de résister.