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à force d’aimer

Monceau, du petit René Marinval, fut l’occasion d’une scène si effroyable que vraiment Clotilde y reprit quelque goût à la vie conjugale. Cela cessait d’être banal, au moins. Des sensations neuves, amusantes, s’y mêlaient. Tout en ordonnant à son mari d’éloigner Mlle  Marinval, elle espérait une résistance de celle-ci. Cela tournerait au drame, deviendrait tout à fait intéressant. La prompte disparition d’Hélène laissa Clotilde désappointée.

Elle était mère depuis six ans à cette époque. Mais la maternité, pénible à son petit corps étriqué, chlorotique, n’avait donné à son esprit que la diversion de chiffonner des dentelles et des rubans nouveaux. Dès que la petite Huguette avait pu se tenir debout, il avait paru drôle à sa mère d’en faire la menue silhouette la plus fastueusement excentrique qu’on pût rêver. On habillait alors les enfants très court, car il y a de cela une vingtaine d’années. Mme  Vallery fut la première, à Paris, qui affubla sa fillette de longues robes d’infante et d’immenses capotes à la vieille. Dans l’ombre de ces entonnoirs de velours ou de mousseline de soie surchargés de plumes, on distinguait un petit visage d’une adorable finesse, encadré, en avant des oreilles, par deux lourdes boucles blondes. Des yeux bleu foncé, plus longs que la mignonne bouche rose, s’ouvraient avec une douceur étonnée. Les petites joues de satin