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à force d’aimer

dans le lycée où je vais être nommé professeur. »

Mme Giraudet se taisait, réfléchissant. Son mari — dont les conceptions minutieuses et routinières s’effaraient d’un enfant dans sa maison — trouva, dans sa crainte même, le courage d’émettre le premier son avis.

— « Mon Dieu, prononça-t-il, « nous ne pourrions faire mieux nous-mêmes que de le placer comme pensionnaire, et sous votre direction. Le fait que vous soyez son tuteur ne diminuera en rien notre sollicitude, ni les affectueux services que nous rendrons à ce pauvre petit. N’est-ce pas, ma chère amie ? » ajouta-t-il en se tournant timidement vers sa femme.

Horace craignait une résistance de la part de la doctoresse. Il posa sur elle un regard où sa volonté tâchait de se faire suggestive, mais où flottait une nuance d’inquiétude.

— « Monsieur Fortier a parfaitement raison, » dit-elle simplement. « Je l’approuve de tout mon cœur. »

Elle ne motiva pas cette approbation. Mais Horace en comprit le sens, et, lui saisissant la main, il lui dit, avec une vibration profonde de tout son être :

— « Merci ! »

Car, si la jeune femme, très prompte habituellement à revendiquer un devoir, tout attendrie sur son amie et sur le triste orphelin, consentait