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à force d’aimer

Il lui saisit le bras.

— « Venez, ah ! par pitié… venez !… » gémit-il.

Dans le salon, ils trouvèrent M. Giraudet. Ce brave homme, vraiment ému, mais tout abasourdi, attendait sa femme pour savoir quel genre de sentiment il devait éprouver à l’égard de cette catastrophe. Les larmes lui venaient aux yeux en songeant qu’une si gentille créature se trouvait brusquement supprimée de tragique façon, et en imaginant le gros chagrin qu’elle avait dû avoir pour en arriver au suicide. Toutefois, dès qu’il sentait sa paupière trop humide, il l’essuyait rapidement, avec un coup d’œil vers la porte. Car si la doctoresse, jugeant peut-être avec sévérité la conduite d’Hélène, trouvait plus convenable de garder les yeux secs, lui-même ne se permettrait pas de s’attendrir.

Contre la sympathie d’un être séparé de sa pensée par de tels abîmes, Fortier se rebiffa tout de suite. Retranché dans les hauteurs farouches de son orgueil, il y retrouva quelque force. Et il eut alors le courage de régler certains détails matériels. Il fallait avant tout, malheureusement, prévenir le commissaire de police. Mais, dans la mesure où il serait possible, on étoufferait l’histoire du suicide. Mme Giraudet se chargeait de l’ensevelissement, de la cérémonie funèbre. Elle ne connaissait à Mlle Marinval aucun parent qu’il fût nécessaire d’avertir.