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à force d’aimer

et, entre les fins doigts inertes, il exhala cette parole, que ses lèvres n’avaient pas encore dite :

— « Pardon… oh ! pardon ! »

Alors, impétueusement, ses sanglots éclatèrent. Mme Giraudet, malgré sa fermeté, fut saisie d’un tremblement en face de cette douleur d’homme. Elle fit signe à la domestique de sortir. Celle-ci, se glissant hors de la chambre, rejoignit dans le salon voisin M. Giraudet, qui n’osait entrer, et qui, par elle, apprit la navrante scène.

Une fois seule avec Horace, la doctoresse s’approcha de lui, posa une main sur ses épaules convulsives, lui parla :

— « Mon ami… mon pauvre ami !… »

Il ne l’entendait pas. Il pleurait. Pour la première fois depuis sa lointaine enfance, il goûtait, sur la main d’Hélène, la saveur âcre et oubliée de ses propres larmes… Ah ! ces larmes sur elle, coulant des yeux adorés, mouillant sa chair, était-il possible que la morte ne les sentît pas ?… Avec quel ravissement indicible, il y avait une heure à peine, elle en eût reçu le baume délicieux dans son pauvre cœur plein d’angoisse !…

De nouveau Horace murmura :

— « Pardon !…

— Cher ami, » dit Mme Giraudet, « vous êtes en présence de la fatalité… Il n’y a pas de votre faute.

— Pas de ma faute !… »

Il se releva. Sa haute taille, qui se redressait,