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à force d’aimer
VIII
omment peindre l’atroce fièvre morale
qui dévora Hélène durant cette longue
nuit ? Son angoisse, aiguë comme la
pire douleur physique, lui arrachait parfois des
cris, qu’elle étouffait dans son oreiller. Elle se
sentait devenir folle à la pensée de perdre Horace.
L’amour qu’elle avait pour cet homme la possédait
avec une force de fatalité dont jusqu’alors
elle ne s’était pas rendu compte. Maintenant il
n’était plus question de lutte entre sa dignité et sa
passion. Si la scène d’hier avait rendu le mariage
impossible, elle se donnerait à lui quand même,
pourvu qu’il voulût d’elle. Mais ne s’était-il pas
repris complètement en se croyant trompé ?… Son
caractère fier et soupçonneux tolérerait-il encore