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à force d’aimer

Hélène s’assit, l’attira vers elle.

— « Mon pauvre petit !… mon pauvre cher petit !… »

Ce fut tout ce qu’elle put dire d’abord. Mais, quand elle entendit s’élever les sanglots du petit garçon, elle changea d’accent et de visage.

— « Ne pleure pas, » dit-elle. « Tiens, regarde-moi… Je souris. Il ne faut pas te faire du chagrin… Tu es un homme… Tu dois apprendre à regarder les choses en face.

— Je suis si fâché… oh !… si fâché ! » balbutia l’enfant. « C’est ma faute…

— Comment, ta faute ?…

— Oui, c’est moi qui t’ai suppliée pour qu’il entre… et il t’a fait de la peine.

— Comprends-tu maintenant qu’il ne nous aime pas ? As-tu deviné, as-tu senti que son cœur, pour toi, n’est pas un cœur paternel ?

— Oh ! oui, petite mère… Il ne m’a même pas embrassé.

— Plus tard tu connaîtras le mal qu’il nous a fait. Et tu entends, mon fils, tu entends bien : cet homme, je te défends de l’appeler jamais « mon père ».

— Je ferai ce que tu voudras, maman.

— Tu vas me le jurer, mon chéri. »

Elle lui dicta une formule de serment, et lui fit renier à jamais ce père, que son imagination d’enfant voyait hier encore dans une splendeur confuse