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au mort, une chatte blanche qui rôdait tout près de l’écurie le prit aussitôt et l’emporta. J’avais déjà remarqué cette chatte, elle était toute blanche, avec, sur la tête, une petite tache noire qui lui faisait comme un bonnet. « Allons, me dis-je, passe pour celui qui est crevé ! libre à elle de le manger ! » Mais, la nuit, pendant que je dormais, un bruit soudain me réveilla : sur la tablette au-dessus de mon lit le pigeon luttait avec colère, je ne savais contre qui. Je me levai précipitamment et, comme il faisait clair de lune, je vis cette même chatte blanche qui s’était emparée de mon autre pigeonneau, le frère du défunt. « Eh bien ! pensai-je, est-ce que cela est permis » ? et je m’élançai à sa poursuite ; je jetai même une botte après elle, mais je ne l’attrapai pas, si bien qu’elle emporta le pauvret et, sans doute, l’alla manger quelque part. Mes pigeons ne s’affligèrent pas longtemps de la perte de leurs petits, ils recommencèrent à se faire des caresses, et bientôt naquit un nouveau couple, mais la maudite chatte reprit