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passât entre leurs croupes ; d’autre part, je ne perdais pas de vue l’astronome ; dès que je le surprenais observant le ciel, vite je lui assénais un coup de fouet qui lui faisait aussitôt baisser le nez, et la descente s’effectuait à merveille. Il semblait devoir en être de même cette fois encore. La voiture roulait sur la pente ; je m’étais tourné du côté du timon et je morigénais l’astronome, quand je m’aperçois soudain qu’il n’est plus sensible ni à la main, ni au fouet ; il a la bouche tout ensanglantée par le mors et ses yeux sortent de leurs orbites ; tout à coup j’entends quelque chose craquer par derrière, et voilà tout l’attelage qui s’emballe !… Le modérateur s’était brisé ! « Arrête ! arrête ! » crié-je à mon père. « Arrête ! arrête ! » me crie-t-il lui-même. Mais comment retenir six chevaux qui courent comme des perdus, sans rien voir ? Soudain, quelque chose passe avec rapidité devant mes yeux, je regarde : mon père avait été précipité de son siège et s’était abattu sur le sol… les rênes s’étaient rompues… Et, devant nous, cet