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vis-à-vis de lui, debout sur mes étriers et grinçant des dents pour la première fois de ma vie, je détachai au dormeur un coup de fouet des plus vigoureux. Ses chevaux accélérèrent leur descente ; quant à lui, il se releva brusquement. C’était un vieillard coiffé d’un bonnet de novice comme celui que je porte en ce moment ; sa physionomie dolente le faisait ressembler à une vieille femme ; il était tout effrayé, versait des larmes et se tortillait sur le foin comme un goujon dans la poêle à frire. Le bonhomme, sans doute, était encore mal éveillé et il ne sut pas trouver le marchepied, toujours est-il que soudain nous le vîmes culbuter sous la roue de son chariot et tomber dans la poussière,… ses pieds s’embarrassèrent dans les rênes… Sur le moment le spectacle de cette chute nous égaya, moi, mon père et le comte lui-même ; mais ensuite je remarquai que les chevaux avaient accroché la borne du pont, le chariot s’était arrêté, et il ne se relevait pas, ne faisait aucun mouvement… Nous