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quelque chose à côté de vous. Vous ne l’avez pas remarqué, vous culbutez ou cassez cet objet, et par là vous mettez quelqu’un en colère. C’est un bonheur pour eux, ils sont enchantés, ils battent des mains et courent dire à leur patron : « Nous avons causé du désordre, donne-nous un petit grosch, nous l’avons bien gagné. » Voilà le but de leurs efforts… Des enfants, quoi !

— Dans votre vie, en particulier, quel trouble ont-ils réussi à apporter ?

— Je vais vous citer un cas. Il arriva qu’un Juif se pendit dans un bois voisin de notre couvent. Tous les novices se mirent à dire que c’était Judas, et que la nuit il errait en soupirant dans le monastère ; le fait était attesté par de nombreux témoins. Moi, cela ne me faisait ni chaud ni froid, car je me disais : « Ce n’est qu’un Juif de moins et il en reste encore bien assez chez nous. » Mais une nuit, comme j’étais couché à l’écurie, j’entends tout à coup un bruit de pas ; quelqu’un s’approche de la porte, passe sa trogne par-dessus la solive