Page:Leskov - Le Voyageur enchanté.djvu/335

Cette page a été validée par deux contributeurs.

rencontre un homme ainsi disposé, il craint de lui fournir l’occasion d’une victoire qui le rapprochera encore plus du Christ et il se dit : « Laissons-le, il vaut mieux ne pas le tenter, peut-être qu’ainsi il s’oubliera plus vite. »

J’ai suivi ces conseils et, en effet, tout cela s’est passé.

— Vous vous êtes longtemps martyrisé de la sorte, avant que l’ange de Satan battît en retraite ?

— Oui, c’est toujours aux austérités seules que je recourais pour combattre l’esprit malin, attendu qu’il ne craint rien d’autre : au commencement, je faisais jusqu’à mille prosternations, je restais des quatre jours consécutifs sans prendre aucune nourriture, sans boire un verre d’eau ; mais ensuite il a compris qu’il n’était pas de force à lutter contre moi, et il a perdu courage : dès qu’il me voyait jeter par la fenêtre le petit pot contenant ma nourriture et saisir mon chapelet pour compter les prosternations, il devinait que je ne plaisantais pas, que je m’apprêtais à remporter sur lui une