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les éloges du colonel qui disait en me serrant dans ses bras :

— Oh ! Dieu me pardonne, quel gaillard tu es, Pierre Serdukoff !

Je répondis :

— Votre Haute Noblesse, je ne suis pas un gaillard, mais un grand pécheur et ni la terre ni l’eau ne veulent me recevoir.

— Quel péché as-tu commis ? me demanda-t-il.

— J’ai dans ma vie fait périr plusieurs âmes innocentes, repris-je et je lui racontai, la nuit, sous la tente, tout ce que vous venez d’entendre.

Mon récit qu’il écouta fort attentivement le rendit songeur.

— Dieu me pardonne ! observa-t-il, — tu en as vu de toutes les couleurs dans ton existence, mais, mon ami, tu auras beau dire, il faut qu’on te nomme officier. Je vais te proposer pour ce grade.

— Comme vous voudrez, répliquai-je, — seulement écrivez aussi là-bas pour savoir s’il