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— Allons, si vous n’avez pas toujours autant de vin qu’il vous en faudrait, ce n’est pas encore un grand malheur, on peut supporter cela. En revanche, vous avez quelque chose de plus agréable que le vin et le miel.

Il comprit que je faisais allusion à Grouchka ; un peu déconcerté par mes paroles, il se mit à marcher en agitant la main :

— Sans doute… sans doute, reconnut-il, — bien entendu… mais pourtant… Voilà maintenant six mois que j’habite ici sans voir personne…

— Et quel besoin avez-vous de voir des étrangers, quand vous avez l’âme désirée ?

Le prince rougit.

— Mon ami, dit-il, — tu ne comprends rien : parce qu’on a un bien, ce n’est pas une raison pour n’en pas désirer un autre.

« Ah ! camarade, pensai-je, c’est comme ça que tu raisonnes ! »

— Eh bien ! repris-je, — que faire maintenant ?

— Entreprenons un commerce de chevaux.