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que j’avais eu une attaque de delirium tremens, que j’avais voulu me pendre et qu’il avait fallu me mettre une camisole de force. Lorsque j’eus recouvré la santé, je me rendis chez le prince, je l’allai voir dans son village car, sur ces entrefaites, il avait quitté le service.

— Altesse, commençai-je, — j’ai une dette à acquitter envers vous.

— Va-t’en au diable ! me répondit-il.

Je vis qu’il était encore très fâché contre moi, je m’approchai de lui et je tendis le dos.

— Qu’est-ce que cela signifie ? demanda-t-il.

— Du moins, étrillez-moi comme il faut, je vous en prie.

— Comment sais-tu, reprit le prince, — si je suis en colère contre toi ? Peut-être même qu’à mes yeux tu n’es pas du tout coupable.

— Allons donc, répliquai-je, — comment ne serais-je pas coupable quand j’ai gaspillé une pareille quantité d’argent ? Je sais moi-