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entonnèrent ensuite les tsiganes et tous, les chanteurs, les chanteuses, les messieurs eux-mêmes, se mirent soudain à danser ; on aurait dit que toute la maison était emportée dans le mouvement vertigineux de cette farandole où le public se confondait avec les artistes. Aériennes, les tsiganes voltigent devant les messieurs et ceux-ci se lancent à leur suite, avec plus ou moins de légèreté, suivant l’âge de chacun… Personne ne reste à sa place… Les gens graves eux-mêmes quittent leurs sièges, des hommes que je n’aurais jamais crus capables de se livrer à de pareils ébats. Quelques-uns, les plus sérieux, essaient d’abord de résister à l’entraînement général, on voit que la honte les retient, ils clignent les yeux, tiraillent leur moustache, mais bientôt ils cèdent eux aussi à la tentation et, ne sachant pas danser, esquissent des pas quelconques. L’ispravnik, un gros homme, père de deux filles mariées, se mêle, ainsi que ses deux gendres, à la foule dansante ; l’énorme fonctionnaire souffle comme